mardi 7 août 2007

Journal de nuit

Spomenka Štimec

Journal de nuit, Témoignage de femme dans la Croatie en guerre

Traduit en français de l’Espéranto, et édité par Ginette Martin (au catalogue du libro-servo d’UEA)


Pendant la guerre qui a ensanglanté l’Europe, Spomenka Štimec a décidé de rester chez elle, à Zagreb. Elle va y expérimenter les heures passées dans les abris, la peur, la souffrance des séparations, l’absurde.

Ce n’est pas un lointain conflit, un souvenir de guerre ancienne, qu’elle entreprend de raconter ici. C’est dans un pays d’ici, avec des gens de tous les jours, une guerre de maintenant. Là où les alliances avaient constitué des familles riches de leurs (petites) différences, le pays aimé s’est embrasé. Dans cette guerre, les anciens voisins sont devenus les ennemis d’aujourd’hui. On découvre les mots définitifs, les gestes qui éloignent pour toujours, les plaies de plusieurs décennies.

Dans ce chaos, il y a les valeurs qui portent des familles, il y a des gens qui se retrouvent, d’autres qui se cherchent. Des survivants reviennent et racontent le froid dans leur cœur, se taisent sur le pire. Mais il en est qui ne reviendront pas. A ceux là Spomenka Stimec prête ses mots, comme pour les faire vivre encore et toujours, et construire une mémoire dans laquelle ils tiendront la place d’honneur.

C’est presque une amie qui nous écrit, relate dans le détail des sentiments contradictoires devant l’indifférence de l’Europe, des Nations Unies, devant le cynisme des décisions politiques. Elle nous imagine devant nos télés, depuis nos pays en paix, laisse s’insinuer le ressentiment. Mais c’est aussi par l’Espéranto et ses valeurs que s’exerce la solidarité, et on perçoit toute l’importance que revêt cette langue dans l’isolement de la guerre.

D’où vient l’impression de lire un ouvrage collectif ? De Zamenhof qui nous rappelle combien son idéal de paix reste peut-être le seul idéal encore pur ? De ces voix qui s’élèvent pour prononcer des paroles d’espoir ? De ces disparus que l’auteur fait témoigner ? De cette mémoire à jamais vivante, convoquée pour notre réveil ?

Passés les reportages et les articles, l’oubli fait déjà son œuvre, et les leçons à tirer sont toujours à refaire : indéfiniment, les frontières recréent les conditions de nouveaux conflits. Il faut donc faire cesser l’engrenage, pardonner pour se donner une chance de construire la paix. C’est une urgence de chaque jour qui nous concerne tous, et dont Ginette Martin prend ici sa part, avec une traduction française à la langue simple, émotive et sans détours. A partager sans réserve avec votre entourage !

MHD en "Le Monde de l'Espéranto"

Aucun commentaire: